Reportage : TY7C – Bénin 2018 par F6KOP

Article rédigé par F5NTZ, participant à l’expédition TY7C et membre de F6KOP et F5KKD.


Après avoir envisagé plusieurs destinations, l’équipe de F6KOP a décidé cette année d’organiser une expédition au Bénin. Une équipe d’opérateurs se constitue autour de Jean-Luc F1ULQ et Damien F4AZF qui sont co-leaders de cette nouvelle expédition. Les démarches auprès des autorités béninoises sont entamées bien en amont. Malgré cela, le call sera confirmé seulement quelques dizaines de jours avant l’opération. Nicolas TY2AC, résidant au Bénin, nous a aidés à faire avancer le dossier, à obtenir notre indicatif TY7C et à décrocher enfin, notre autorisation officielle écrite et dûment tamponnée pour notre expédition. Nous obtiendrons ce document de 70 pages, seulement sur place.

Les opérateurs sont Jean-Luc F1ULQ, Damien F4AZF, Jo DJ3CQ, Arno DL1CW, Christian DL2MDU, Andreas DL3GA, Henri F1HRE, Raymond F5MFV, Philipp OE7PGI et moi-même, Xavier F5NTZ.

L’équipe de TY7C

Nous nous retrouvons tous, impatients, le mercredi 7 mars à l’aéroport Charles de Gaulle pour voler vers Cotonou, la capitale économique du Bénin. La « vraie » capitale est Porto Novo. Nous avions pour consigne de ne prendre qu’une seule valise avec nos affaires personnelles, afin que nous puissions prendre en charge à l’aéroport, une deuxième valise Pelicase comprenant, un amplificateur ainsi qu’un bagage à main, un ordinateur portable ou du matériel. Devant l’ensemble de nos bagages Air France a voulu nous faire payer un supplément de 600 €. Il a fallu que nous repesions nous-mêmes méticuleusement chacun des bagages. Nous avons transvasé certains câbles ou matériel, d’un bagage à l’autre afin que finalement ceux-ci soient bien acceptés sans supplément de prix à bord. Même le sac à antenne, plus long que la taille réglementaire, passera sans encombre. Air France était prévenu à l’avance et avait donné son accord pour ce sac à rallonge.

Au fond de la piste, notre hotel
Tuc tuc africain

Notre avion est en retard. Nous décollons deux heures après l’horaire prévu, ce qui fait que nous arriverons à Cotonou, en pleine nuit noire à notre hôtel. Le vol est agréable. A notre arrivée, nous sommes immédiatement dans l’ambiance africaine faite de chaleur, d’humidité et de bonne humeur. Les personnels en charge de vérifier nos carnets de vaccination demandent le document sans conviction, la douanière qui contrôle nos passeports est charmante, un officier de sécurité contrôle nos valises dans son scanner à rayon X. Nous passons ces contrôles facilement et nous sortons dans la fournaise de la nuit. Là, nous attendent deux employés de notre hôtel avec un mini bus. Après le chargement de nos bagages sur le toit, nous montons tous à bord et roulons vers Ouidah, qui est la ville la plus proche de notre camp. La route est excellente au début. C’est une espèce d’autoroute qui traverse les villes. Les « vétérans » de TU7C, nous disent que nous avons de la chance. Eux, les « anciens », ont été obligés de prendre des pistes et même de pousser leur véhicule qui s’était enlisé. Nous arrivons à un péage comme nous en trouvons en Europe, sauf que toutes les barrières sont cassées. Nous nous arrêtons devant la guitoune, l’employé est profondément endormi. Notre chauffeur éclaire le visage de l’employé de sa lampe de poche, mais rien n’y fera, il devra descendre de son véhicule et payer dans la guitoune d’à côté. Pas de doute, nous sommes en Afrique. Nous reprenons notre chemin puis nous quittons la route pour nous retrouver sur une piste. Les paris vont bon train dans le véhicule. Devrons-nous pousser notre véhicule comme l’a fait l’équipe de TU7C ? Et bien finalement non, malgré le sable mou, les trous, les branches, les embuches, nous arrivons à bon port et sans encombre. Le personnel de l’hôtel, nous attend. Ils sont très attentionnés. Nous récupérons nos clefs et nous allons tous nous coucher. Il est tard dans la nuit et nous nous donnons rendez-vous le lendemain pour le montage des antennes. Cette première nuit, un très gros orage nous réveillera, nous entendrons la pluie et les éclairs. C’est un déluge. Le lendemain matin pourtant, curieusement aucune trace de ce déluge. L’air est certes, un peu humide, mais tout semble sec, comme s’il n’avait pas plu. Nous nous retrouvons pour notre premier petit déjeuner, au restaurant de l’hôtel, qui est en fait un immense et élégant toit de paille sans mur, ouvert à tous les vents. D’ailleurs, le vent ne cessera jamais de souffler en rafale. Heureusement le terrain pour nos antennes est coté mangrove et en contre bas. Le vent y est beaucoup moins violent.

Montage des antennes

Après une fructueuse collation, nous commençons à monter les antennes. La chaleur se fait sentir. Nous transpirons vraiment et nous sommes obligés de stopper régulièrement et de nous rafraîchir. Il fait vraiment très chaud pour travailler. Nous ne finirons pas le montage de toutes les antennes le premier jour, mais le deuxième. Nous souffrons de la chaleur. Les antennes 10 et 12 mètres attendrons le lendemain, nous n’en avons pas besoin de toute façon pour la nuit. Le trafic radio commence donc en fin d’après-midi et dès le départ, nous avons de grands pile-up. Les modes SSB, CW et numériques sont activés dès le début et c’est de suite le carton plein. Jean-Luc a préparé en avance les plannings des opérateurs ainsi que les plans de bande afin de ne pas perdre de temps. Trois opérateurs sont nécessaires pour faire tourner les stations, quatre parfois quand la propagation le permet. Nous faisons donc des vacations de trois heures sauf la nuit ou nous faisons quatre heures d’affiler afin de permettre à une des équipes d’avoir une nuit à peu près normale.

The shack radio

Pour ce qui me concerne, je suis opérateur CW et c’est avec beaucoup de plaisir que je trafique. La journée, c’est facile. Les signaux sont clairs, rapides, précis. Le split permet un trafic aisé. J’essaie de rester le maximum sur ma fréquence de réception, je ne change que quand c’est vraiment trop encombré et indiscipliné. Par contre, les nuits sont difficiles. Nous avons bien sûr monté une antenne en L pour le 160 mètres ainsi que deux beverages, mais malheureusement, malgré trois réinstallations et modifications des beverages, nous ne parviendrons pas à améliorer significativement notre réception par rapport à notre antenne verticale et il nous sera très difficile de trafiquer sur cette bande. Je suis personnellement descendu jusqu’à 18 mots/minute et j’ai parfois fait répéter les calls des stations appelantes pendant dix minutes pour certaines (merci de leur patience) mais les conditions étaient vraiment très mauvaises. Parfois nous avions quand même des périodes plus ou moins longues, où la réception était meilleure et où nous arrivions à enchainer des contacts, mais ces périodes sur 160 mètres ne duraient guère plus d’une heure.

Belle plage venteuse

Le trafic de jour, sur les bandes hautes était quant à lui très agréable et très fluide. Nous avons particulièrement bien trafiqué sur la bande des 17 mètres.

En SSB également, les opérateurs ont enchaîne les pile-up avec frénésie durant les journées. Une station était réservée pour les modes numériques RTTY ou bien FT8.

Le shack

TY7C a en effet été l’une des premières expéditions à utiliser le FT8. Nous avions averti sur notre site, qu’il fallait utiliser le logiciel JT65-version expédition, pour nous contacter. Nous avons eu, malheureusement pour eux, des opérateurs qui nous ont longuement appelés en « mode normal ». On les voyait bien appeler sur notre écran, mais malheureusement nous ne pouvions leur répondre. Nous avons utilisé ce mode de manière expérimentale. Cela nous a permis de réaliser quelques QSO sur le 160 mètre alors que la CW ne passait pas. Mais cela a eu aussi un effet bénéfique sur notre trafic, puisque cela nous a permis de savoir quand s’ouvraient certaines bandes et dès que nous voyions que les bandes fonctionnaient, nous passions en SBB ou CW.

Le trafic a été animé principalement par les nord-américains, les européens et les japonais. Nous avons eu des heures « magiques » sur toutes les bandes pendant lesquelles le Japon arrivait fort et nous avons ainsi réalisé des pile-up JA très agréables.

Derrière les palmiers, le shack

On le sait tous désormais, certains opérateurs sont parfois peu respectueux des règles de trafic et leurs appels incessants, alors que l’on tente d’entendre une autre station, ralentissent considérablement les QSO. J’ai eu le cas aussi, où seules deux stations répondaient, mais en même temps et aucune des deux ne voulaient « lâcher le morceau ».

Il ne faut pas oublier que nous sommes en Afrique et que donc l’électricité est instable. L’hôtel est équipé de groupes électrogènes qui ont pris le relais lors des nombreuses coupures de courant. Toutefois, ces coupures entraînaient à chaque fois l’arrêt des stations et nécessitaient du temps pour chauffer de nouveau, les amplificateurs.

Antenne VDA 20m

Lors de nos temps de repos, nous avons pu pour certains, nous rendre « en ville » à une dizaine de kilomètres. Un employé de l’hôtel, nous a transportés avec sa mobylette sur les chemins de sable. Nous avons pu ainsi, entre autre, voir le monument érigé à la mémoire des esclaves qui ont été embarqués pour les Amériques et avoir une pensée pour ces malheureux. Plus loin, c’est la ville de Ouidah que nous avons visitée.

La porte de non retour en hommage aux esclaves

Nous avons aussi pleinement profité, de la bière béninoise, indispensable vu la chaleur, des superbes piscines de l’hôtel et de la cuisine du chef que nous avons demandé à rencontrer tellement nous avons apprécié ses mets. (Et moi qui pensais maigrir en Afrique…).

Le paysage est une carte postale, les habitants sont sympathiques et avenants, malgré des conditions de vie difficiles pour certains qui habitent dans des cabanes faites de simples branchages, sans électricité et sans eau courante.

Plusieurs antennes

Nous avons réalisé plus de 40 000 QSO avec seulement quatre stations. Tous les QSO ont été chargés sur LOTW. Seuls certains QSO en FT8 sont en attente de correction. Parce que nous n’avions pas un internet très fiable et beaucoup de coupure de courant, les horloges de nos PC n’étaient pas toujours synchros. Les logs FT8 sont en cours de vérification.

Verticale 10m au milieu des palmiers

Après quelque dix jours de trafic intense, nous arrivons au terme de notre expédition. Nous démontons dès le matin du 18 mars les antennes. J’ai le plaisir de trafiquer avec la dernière station en CW sur 17 mètre. Les QSO sont rendus difficiles du fait de la présence de radar fort sur toute la bande, mais entre les creux je fais de beaux QSO.

Devant l’hotel

Nous buvons une dernière Béninoise avec le patron de l’hôtel et Nicolas TY2AC, puis nous embarquons dans le mini bus. Celui-ci tombe en panne sur la piste à notre retour. Le moteur chauffe énormément. Jean-Luc très décontracté me dit que c’est normal, nous sommes en Afrique. Et effectivement, après quelques litres d’eau dans le radiateur et un peu de patience, nous reprenons la route, comme si de rien n’était. Cette fois-ci, nous faisons la route de jour et lorsque nous traversons les villes nous voyons toutes les couleurs de la vie africaine et nous sentons toutes les odeurs de ce pays magnifique. Le trafic routier est dense, le code de la route n’existe pas. Pour nous, c’est un nouveau pile-up fait de mobylettes surchargées, de voitures défoncées et de piétons kamikazes. Notre chauffeur, lui est imperturbable, il fonce.

Panne moteur à notre retour

Nous finissons par arriver à l’aéroport. Nous remercions Dieu et notre chauffeur et passons les différents contrôles pour l’embarquement. Nous sommes plus « fouillés » qu’à notre arrivée. Un douanier souhaite également les justificatifs du matériel que nous transportons. Mais il se ravise vite lorsqu’il voit les 70 pages de notre autorisation officielle écrite et dûment tamponnée. Il nous laisse passer sans problème. Un dernier contrôle au pied de l’avion est effectué avec une nouvelle fouille de nos bagages à main. L’aéroport n’est pas étanche, nous dit-on, et ils effectuent donc systématiquement ce contrôle.

Après six heures de vol, nous arrivons à Roissy, il fait -2° C. Nous nous enfermons dans nos manteaux que nous avions oubliés durant notre séjour et buvons un bon café avec Franck F4AJQ et Bruno F5AGB qui sont venus nous chercher de bon matin.

L’expédition a été extraordinaire et il nous tarde de repartir.

Nous remercions nos sponsors, dont l’UFT pour son soutien.

73 Xavier F5NTZ
UFT 1194

Author: Xavier F5NTZ